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Canaliser au XXIᵉ siècle

Tout le monde peut apprendre à canaliser et accéder à ces formidables ressources spirituelles. (Sanaya Roman et Duane Parker)


Channels les porte-parole de l'invisible - INREES 23/06/2023


Une autre catégorie de médiums a émergé à travers le monde : le channel (ou canal, en français). Cette fois-ci, ce ne sont plus les défunts qui s’expriment, mais un panthéon d’énergies et entités plus éclectique. Cette facette des capacités extraordinaires de l’esprit demeure mystérieuse.


Un soir de novembre 1986, la célèbre actrice américaine Shirley MacLaine captive 28 millions de téléspectateurs. Sur le petit écran, le public découvre avec impatience un nouvel épisode de la mini-série adaptée de son ouvrage L’Amour foudre (titre original : Out on a Limb), qui relate son parcours initiatique entre Hollywood et les Andes péruviennes. Dans son appartement, où se déroule la scène, Shirley invite Kevin Ryerson, un channel, à exercer son talent. Kevin s’installe et déclare : « On se revoit dans quelques instants. » Après quelques inspirations et mouvements saccadés, l’homme entre rapidement en transe pour laisser la place à deux « invités » : John, un membre de la secte essénienne à laquelle a appartenu Jésus-Christ, et Tom McPherson, un pickpocket irlandais du XIXe siècle. Sa voix change, deux discours différents se succèdent, reflets de ces deux personnalités qui investissent tour à tour son corps. Shirley interroge d’abord John : « Pourquoi le phénomène de channeling [par transe] est-il si difficile à accepter ? » La réponse ne se fait pas attendre : « Car il se peut que les personnes ne se souviennent pas d’elles-mêmes, lorsqu’elles n’étaient pas encore incarnées. Elles doivent assurément réaliser qu’elles sont plus que ce que les cinq sens leur laissent croire qu’elles sont. » Erik Pigani est journaliste, psychothérapeute et expert en biofeedback et biorésonance quantique. Chef de rubrique à Psychologies Magazine pendant près de 30 ans, il est également l’auteur d’ouvrages dédiés au psi et autres phénomènes paranormaux. Dans son ouvrage Channels, les voix de l’au-delà, il relate en détail cet épisode et ses conséquences sur la réception critique du channeling, à large échelle : « À la suite de cette mémorable émission, des dizaines de médiums, soudainement éclairés par les projecteurs de médias, sont sortis de l’ombre des petits cercles ésotériques et métaphysiques où ils officiaient pour déverser leurs connaissances sur le vaste territoire américain. » Un phénomène vieux comme le monde… Le channeling est-il pour autant né aux États-Unis, dans les années 1980, comme une extension directe du mouvement New Age ou un enfant volubile de la révolution psychédélique ? Ni l’un ni l’autre. « C’est un phénomène vieux comme le monde, répond Erik Pigani, qui tire ses racines du chamanisme. » Wouter J. Hanegraaff, auteur de New Age Religion and Western Culture, considère le channeling comme une appellation New Age d’un phénomène classique de « révélations ou inspirations religieuses articulées en un discours cohérent ». Pour résumer : rien de nouveau ! Les channels d’aujourd’hui peuvent être vus à la fois comme les oracles des Grecs, les seers et devins anglo-saxons, les Wu de la dynastie des Han, les chamanes d’à travers le monde ou encore les médiums… « Le channeling fait partie des facultés dites “extraordinaires” de l’esprit humain, connues et utilisées depuis l’aube des temps dans toutes les civilisations pour délivrer des messages, quelquefois prophétiques, parfois pour répondre à des questions plus factuelles comme l’ordre social ou la santé des individus », ajoute Erik. Dans Les médiateurs de l’invisible, Jon Klimo, professeur de psychologie à l’American School of Professional Psychology (ASPP) de l’université Argosy en Californie, propose une définition : « Le channeling est la communication d’une information à travers un être incarné, de la part d’une source déclarant exister dans d’autres dimensions (ou plans de réalité) et qui n’émane pas de la pensée ou du Soi du channel. » Dans son étude, il fait notoirement la distinction entre deux types de channeling : celui par transe (légère à profonde), similaire à la possession du corps et de l’esprit (mais vécu positivement et en accord avec le canal), et le channeling dit « ouvert », plus commun, qui comprend l’inspiration et l’intuition. Quelle différence, alors, avec le spiritisme ou la médiumnité classique ? Si les channels peuvent ponctuellement canaliser les esprits des défunts, ils reçoivent principalement des messages d’autres types d’intelligences non humaines, souvent non identifiées, parfois collectives.


Le channeling est la communication d’une information à travers un être incarné, de la part d’une source déclarant exister dans d’autres dimensions et qui n’émane pas de la pensée ou du Soi du channel.

… mais difficile à cerner Malgré sa popularité, aucune étude statistique n’a encore permis d’analyser ce phénomène, « parce que c’est un phénomène de nature subjective très complexe qui demande la prise en compte d’une quantité trop importante de paramètres pour une équipe de recherche », explique Erik Pigani. A contrario de la médiumnité qui, elle, a pu bénéficier d’études sérieuses, avec notamment les travaux du docteur Julie Beischel, comme mentionné dans l’article « Médium ou mentaliste ? » d’Inexploré numéro 47. Le channeling, en donnant la parole à des entités ou « sources d’informations » situées sur d’autres plans de conscience, ne permet pas, par sa nature même, de récolter suffisamment de données ou preuves vérifiables par des protocoles rigoureux. En l’état actuel de nos connaissances sur la nature de la conscience et du cerveau, ce phénomène demeure donc invérifiable du point de vue des sciences cognitives. Le channeling ne serait-il pas simplement un trouble identitaire, une dissociation « contrôlée » de sous-personnalités ? À partir des témoignages de channels recueillis ces trente dernières années, Jon Klimo constate que, dans la plupart des cas, ce sont des personnes tout à fait « normales », sans pathologies particulières, qui ne sont liées par aucun schéma socioculturel particulier. « Vous ne pourriez probablement pas discerner un channel d’une personne normale dans votre voisinage. À quelques exceptions près, ces personnes fonctionnent normalement. Elles sont simplement capables de capter et transmettre des informations d’une façon inexplicable. » Jane Roberts, qui a canalisé Seth pendant près de 20 ans, s’est toujours questionnée avec lucidité sur la nature de l’expérience qu’elle vivait. Seth était-il une part de sa psyché ? Dans Seth Speaks, elle témoigne : « Je ne crois pas que j’aurais pu produire par moi-même un équivalent du livre que Seth m’a dicté. Ce livre est sa façon de démontrer que la personnalité humaine est multidimensionnelle, que nous existons dans de multiples réalités à la fois, que l’âme ou le Soi ne sont pas séparés de nous, mais l’essence même de notre existence. » Un panthéon éclectique Parmi les sources les plus couramment citées figurent Dieu, comme dans le cas de Neale Donald Walsch et ses Conversations avec Dieu, des divinités de plusieurs traditions spirituelles, des maîtres ascensionnés (Hilarion, Saint-Germain, El Morya…) et des figures religieuses telles que Jésus, Marie ou encore Padre Pio, pour les plus célèbres. De nombreux channels se font les porte-parole de consciences non humaines acceptant de revêtir des noms humains, par commodité, telles que Seth (canalisé par Jane Roberts), Abraham (par Esther et Jerry Hicks), Lazaris (par Jach Pursel), ou encore Orin (par Sanaya Roman). Plus étonnant encore, ce sont parfois des groupes de consciences collectives (comme les Speakers de Ian Borts) qui prennent la parole, des anges et archanges (Michael, Raphaël, Métatron), des esprits de la nature. Depuis les années 1990, les canalisations d’êtres qui se présentent comme « extraterrestres » se font plus régulières, avec par exemple la Pléiadienne Sasha, canalisée par Lyssa Royal Holt, ou les messages reçus par Barbara Marciniak dans Les messagers de l’aube. Le dénominateur commun à ce panthéon éclectique ? Depuis d’autres plans de conscience, il semblerait que les esprits se pressent en masse « aux oreilles » des perceptifs dans une volonté commune de transmettre de sages conseils à l’humanité. Et un large public les écoute ! « Comme c’est un moment de transition très important pour la Terre, de nombreux guides sont présents pour nous assister », expliquait Sanaya Roman en 1998 dans Les médiateurs de l’invisible. Elle poursuit : « Un grand nombre de personnes auront besoin d’être accompagnées. C’est pourquoi un grand nombre de personnes s’ouvriront au channeling ces prochaines années. » Effectivement, loin de s’essouffler, le mouvement prospère de nos jours avec l’avènement des réseaux sociaux : une nouvelle génération de channels émerge. L’émission Interviews with Extra Dimensionals notamment, réalisée par l’acteur Reuben Langdon, compte désormais quatre saisons d’interviews de ces nouveaux channels et des entités qu’ils hébergent. Canaliser au XXIᵉ siècle « Cela fait 40 ans que j’écoute des channels ici et là : le fond du message reste le même…, s’exclame Erik. Développez vos propres capacités, votre intuition, votre créativité, et faites émerger en vous la conscience. » Pourquoi donc si peu d’évolution dans le discours, depuis les années 1980 ? « Certainement que le message doit être rabâché pour être intégré, poursuit-il avec humour. Plus sérieusement, ce qui me semble de plus en plus évident, c’est que l’avenir de la psychothérapie doit maintenant passer par l’intégration de nos facultés psi latentes (télépathie, clairvoyance…), de l’intuition, et pourquoi pas d’autres facultés comme le channeling, dans la pratique psychothérapeutique. C’est un gros sujet sur lequel je travaille actuellement… » Des exemples : Christa Marti est thérapeute depuis 25 ans et formatrice depuis plus de 10 ans en reiki Usui et Arc-en-ciel, une méthode élaborée par Walter Lübeck à partir de ses souvenirs de vies antérieures. Bien qu’elle ne se présente pas comme channel, elle confie que des informations lui viennent régulièrement lors de soins : « Ce sont simplement des mots, des concepts, et parfois des zones du corps qui sont mises en avant. » À chaque fois, Christa relate que ces informations sont clés pour le rétablissement du patient. Le reiki utilise un canal spécifique à travers le corps du praticien pour transmettre et activer une énergie de guérison à son patient. Mais elle précise que « ces informations que je reçois ne proviennent pas du même endroit, pas du même canal, c’est une autre sensation ». James Pearce, quant à lui, illustre un équilibre représentatif de cette nouvelle façon de canaliser, intégrée au quotidien. Chef de projet dans l’industrie automobile, il est également maître de reiki et offre des soins énergétiques lors d’événements caritatifs à Hove, en Angleterre. « Consommateur » de contenus canalisés depuis une dizaine d’années, il commence lui-même à développer ses capacités extrasensorielles. Il partage son expérience : « Dans le channeling, il est très important d’apprendre à discerner l’information juste pour soi. En général, on peut déterminer cela au ton du discours : une visée altruiste, jamais au détriment de l’individu, toujours pour le développement de l’autonomie de pensée et de l’autoréalisation. Le but est d’aller vers un retour à Soi, dans toute sa multidimensionnalité, explique-t-il. Ce processus aide profondément à changer son regard sur le monde et autrui : on développe des connexions de cœur à cœur, plus d’empathie, des réactions différentes aux événements de la vie », conclut-il. Selon l’enseignement de Sanaya Roman et Duane Parker, tout le monde peut apprendre à canaliser et accéder à ces formidables ressources spirituelles. Toutefois, « certaines personnes sont destinées à être channel et à semer les germes d’une nouvelle pensée, d’une autre façon d’appréhender la réalité », conclut Erik Pigani.


À chaque channel son style !

Si le channeling est utile comme outil complémentaire à des approches thérapeutiques, c’est également par essence un soutien à la créativité. De nombreux médiums et channels étaient de type « artistique » et canalisaient des œuvres d’artistes décédés, comme le rapporte notamment Erik Pigani dans Channels, les voix de l’au-delà. Luiz Antonio Gasparetto, par exemple, était capable de reproduire avec une rapidité et une ressemblance étonnantes, devant des caméras de télévision, des œuvres de Manet, Picasso, Modigliani et Toulouse-Lautrec.


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